Une fin de vie volée, Editions Le Bord de l’eau, 2019
Elle devait y rester deux nuits. Elle y restera à vie.
Ou plutôt à mort. Alice a succombé parce que l’hôpital a failli. L’Institution de santé, débordée, peut-elle ainsi se soustraire à son devoir ?
Je devais passer la journée avec elle, ma grand-mère, la « femme de ma vie ».
J’arriverai trop tard. Je les avais pourtant prévenus : sans oxygène dans le nez, c’était la mort assurée. La surveillance fut défaillante. Alice est tombée de son lit. Personne n’est venu la relever.
« Elle était en fin de vie », m’a-t-on dit. Et alors ? 88 ans justifient-ils une carence dans les soins à donner ? Est-ce une raison pour laisser mourir ainsi nos aînés ?
Alice devait rentrer chez elle pour vivre ses derniers mois entourée de ses proches. Choyée, chérie, aimée, elle allait l’être jusqu’à son dernier souffle. Sa fin de vie nous fut volée. A nous, comme à elle.
Il reste les mots qui retracent une vie, de 1929 à nos jours.
Il reste la puissance d’une entente entre deux femmes.
Il reste l’expérience de l’amour, le vécu de la grande Histoire allié à la force prodigieuse de la
transmission.