A la rencontre de Jean-Michel Moraud, sculpteur

 

Symposium 2010

Domaine de Saint Jean de Chépy

 

 

A l’occasion du « Symposium 2010 » organisé au Domaine de Saint Jean de Chépy, sept artistes ont été conviés en résidence afin d’offrir aux lieux, des paysages polymorphes et sculpturaux. Invitée à la découverte de ces oeuvres « in situ », j’eus la chance de partager des moments privilégiés avec les artistes en pleine créativité. De ces rencontres a surgi l’idée d’une retranscription textuelle, témoignant du travail et des préoccupations de chacun :

 

 

Jean-Michel Moraud

 http://jm.moraud.free.fr/

 

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Pourriez-vous me décrire l’œuvre actuellement en création au Domaine de Saint-Jean de Chépy, dans son double point de vue : matériel et symbolique?

 

Je n’avais pas tutoyé le bois pendant une quinzaine d’années, plutôt dédiée à la pierre et l’envie s’en faisait sentir. Cette expérience de St Jean de Chépy m’a fourni l’opportunité d’y revenir. J’avais en mémoire depuis quelques années, une  grosse bille de séquoia, bois très résistant pour une sculpture de plein air. Au compte des cernes, il a été planté vers 1880, hors aubier, c’est un bois rose sombre.(des copeaux dans l’herbe ! petit bonheur)  2.50 mètres de longueur pour 1.20 mètre de tour de taille, beau morceau à honorer. Outil unique, la tronçonneuse, genre de violence bruyante et risquée qui oblige à la plus grande attention mais qui tranche si vite pour un temps si court, cinq jours ! Mon fil électif, c’est laisser venir ce qui advient, improvisation lente avec la matière dans un temps de petite mise en danger, naviguer sans carte à suivre.

Le fruit  dépend de tout ça. anticiper sans préméditer

Quant au sens d’une pièce, la perception est en amont des mots.

C’est de la matière instruite, organique à voir, à toucher, à sentir, à apprivoiser sans a-priori


 

Vous situez-vous dans une mouvance artistique particulière? Quel lien existe-t-il entre votre œuvre et la théorie du Land Art?

 

Je ne sais pas m’identifier ni adhérer à quoi que ce soit jusqu’à présent.

Si cette pièce est réalisée in situ et en bois; elle ne fait pas vraiment partie pour autant des installations de LAND ART, qui sont plutôt  intégrées à un paysage sauvage, de grande taille et éphémères.

 

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Quel est le moteur de votre inspiration? Revendiquez-vous des maîtres ou références esthétiques en particulier ?

 

C’est être curieux de la vie, attentif au présent, à la nature, à mes congénères, à cette époque formidable, comme disait REISER

Ni dieu ni maître, mais une grande considération pour beaucoup de réponses humaines de LASCAUX à GOLDSWORTHY, pour faire court.

Je me souviens être resté en extase devant les dessins de Lascaux. L’art pariétal me fascine et me replonge à chaque occurrence au sein de l’Histoire de l’Homme. L’Egypte m’inspire ainsi que l’Italie (que j’affectionne) et ses tableaux de la Renaissance. Les voyages me ravissent, ils alimentent mon inspiration et enrichissent mon imaginaire. J’aime la proximité immédiate avec une œuvre, lorsqu’un partage avec l’artiste surgit, que des émotions percent et que le temps, pour un instant, demeure suspendu… comme avec Francis Bacon par exemple.

 

 

 

Que vous inspire ce moment de résidence au Domaine de Saint-Jean de Chépy? Que pensez-vous des échanges techniques et esthétiques engagés au contact des autres artistes?

 

J’aime bien le partage, pas les tiroirs à étiquettes ni les cartes postales du front

Les différences de culture disent aussi les chemins et les nécessités parallèles

La jeunesse des uns réactivant celle, plus lointaine, des autres, et vice-versa, 

ça a donné entre nous une stéréo positive,

 St. Jean de Chépy à été comme un séjour sur une île verte,

avec travail le jour et banquet le soir ( un des sens du symposium),

Échanger, raconter, trinquer, avec cet accueil propre à Henri et Philippe MARTINENGHI, Jade, Brigitte, Olivier, tous se sont impliqués dans ce processus qui nous a réunis.

 

 Si un mot ou une expression pouvait caractériser l’oeuvre en cours, quels seraient-ils?

Il est trop tôt. La pièce n’est pas encore aboutie. Manque le recul qui permet d’avoir un regard sur ce qui a été fait. ça peut s’imposer rapidement ou flotter un certain temps.

Attendons qu’elle soit installée à sa place !

 

 

 

 

 

 

Propos recueillis par Magali Croset,

Saint Jean de Chépy, août 2010

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